Extol - Labyrinth of Ill / Exigency

Chronique Maxi-cd / EP (09:09)

chronique Extol - Labyrinth of Ill	/ Exigency

« Extol des nineties, petite baby doll,

Comme tu jouais bien le Rock'n'Roll.

Extol des nineties, où sont tes années growl?

Je n'entends plus que le Funk de Ole... »

 

Telle est la complainte douce-amère que les fans d'Extol fredonnaient il y a encore peu, entre désespoir et gêne (Birkin) de voir leur groupe préféré s'entêter dans un mutisme décennal, et ne plus leur donner comme nouvelles que les albums solo Pop/Funk de leur guitariste / chanteur Ole Børud (écoutez les excellents Shakin' the Ground et Keep Movin : c'est d'la bombe !).

 

Si vous ne connaissez pas Extol, c'est un peu notre faute, vu que leur discographie est aussi représentée en nos pages que les groupes de War Metal parmi les nominés aux NRJ Music Awards. Pourtant, en matière de bon goût à la norvégienne, entre Prog racé, Black glacé, Post aéré et Thrash/Death acéré, on fait difficilement mieux que la formule élaborée par ces docteurs ès riffing. De Xuxu à 8oris et passant par Tookie, un bon tiers des membres de la team aurait pourtant été susceptible de tomber amoureux de ces musiciens raffinés, et de vous en avoir conséquemment chanté les louages à longueur de colonnes...

 

Et pourtant, nada.

Alors quoi ? Les CoreAndCoreux boudent ?

 

Étonnante impasse, en effet. Celle-ci s'explique peut-être par le fait que, à l'instar de Believer et Tourniquet – esthètes faisant eux aussi rimer Death et messe – Extol fait partie de ces rares groupes revendiquant officiellement leur foi chrétienne ? Parce que vous connaissez les amateurs de guitares qui hurlent : quitte à se voir raconter des sornettes, ils préfèrent pieds fourchus, tronçonneuses rouillées et cimetières profanés aux culs bénis et autres missels racornis...

 

Mais cessons de nous perdre en conjectures et célébrons plutôt le retour de l'enfant prodigue. Car l'EP dont il est aujourd'hui question met fin à 10 ans de disette, et ce de formidable manière : tuons le veau gras et ouvrons les meilleurs vins mes frères et sœurs ! Vous étiez restés émerveillés par l’orfèvrerie Prog / Death / Thrash sophitiquée d'Extol ? Eh bien vous n'aurez pas à passer par une longue phase d’acclimatation pour déguster les deux nouvelles compos qu'ont élaborées pour vous les Norvégiens.

 

Commençons par le commencement en vous contant « Labyrinth of Ill ». Après 48 secondes de menace larvée et de shrieks hostiles (… c'est un peu long, avouons le), Extol nous assène une salve de saccades massivement impériales, tel que pourrait le faire un Meshuggah contrarié. Puis, après un entre-deux permettant de badigeonner un peu d'huile sur cet implacable mais rugueux démarrage, l'assaut saccadé reprend avec toutefois plus d'allant, plus de moelleux, plus de promesses d'aventures, ainsi qu'une lead mélodique qui indique aux indécis le chemin des braves. C'est alors que la magie des contrastes judicieux frappe de plein fouet via un merveilleux débrayage dont profite Ole pour nous dispenser ses suaves conseils. Suivent encore un formidable poinçonnage accompagné de violons (vers 2:10), un large mouvement de balancier groovy aussi accueillant qu'irrésistible (juste après, à 2:16), cette convergence des plaisirs auriculaires nous invitant à mosher en symbiose avec l'assemblée des fans conquis. Velours et force, lumière céleste et acidité mesurée : c'est à un véritable Gospel Metal auquel nous sommes invités – gospel au sens premier de « divine bonne nouvelle », celle-ci s'avérant en effet suffisamment irrésistible pour pouvoir convertir les foules.

 

En guise de salut introductif, « Exigency » choisit quant à lui d'ôter son couvre-chef sur un riff Thrash/Death oxymoresque, à la fois sournois et franc, dont les contorsions habiles nous conduisent systématiquement dans les bras largement ouverts d'un Ole toujours aussi accueillant. Ces quatre minutes trente respirent à nouveau l'intelligence, l'équilibre, la justesse mélodique et la sophistication accessible à tous, comme si Shaolin Death Squad avait travaillé avec Opeth afin de démontrer à deux un théorème musical aussi élaboré qu'excitant.

 

C'est donc avec des frissons de plaisir reconnaissant que l'on accueille ce superbe amuse-bouche métallique. Deux titres c'est bien court, mais on accepte d'autant mieux cette brièveté que 1) le groupe nous comble en nous offrant de l'extrême qualité inscrite dans la continuité 2) on refuse de considérer cet EP comme une sortie auto-suffisante, mais plutôt comme un échantillon donnant un avant-goût d'un sixième album qu'on espère écouter bientôt.

 

Mes frères et sœur, réjouissez-vous : l'Élu est en fin de retour parmi ses ouailles, ouvrez cœurs et oreilles afin d'accueillir Sa bonne parole !

 

... Alléluia bordel !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : après 10 ans de silence, Extol livre à des fans extatiques deux titres de très grande qualité, qui reprennent là où Extol s'était arrêté. Entre intelligence mélodico-progressive, acidité shriekée, riffing implacable et contrastes divins, les Norvégiens réussissent un exploit d'équilibrisme métallique conjuguant les forces de Meshuggah, Opeth, Haken et Ihsahn afin de nous faire pétiller pupilles et tympans.

 

 

photo de Cglaume
le 12/12/2023

6 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 12/12/2023 à 11:05:47

tu as été plus rapide que moi pour cette chronique, cet EP est dans ma liste, mais pas depuis très longtemps

cglaume

cglaume le 12/12/2023 à 11:53:11

Je l'avais inclus à ma liste sur le fofo privé - par contre je ne l'ai pas vu dans la tienne... 
Et puis comme je m'en suis chargé dans le canard d'en face, j'ai fait d'une pierre 2 chros (... comme dit Pidji :D )

Xuaterc

Xuaterc le 12/12/2023 à 12:08:40

Oui j'avais vu qu"il était dans la liste, je l'ai reçu le 8 décembre de mon côté

Seisachtheion

Seisachtheion le 12/12/2023 à 12:53:16

Extol... ? C'est pour soigner les toux grasses ?

cglaume

cglaume le 12/12/2023 à 13:48:59

Ça marche aussi. Et ça fait revenir l’être aimé sous 48h

Brutal Grreg

Brutal Grreg le 13/12/2023 à 10:07:07

Súper chronique, a la prremiere ecoute, ca semble tres aventureux et fin. Cool, toujours jouuace de decouvrir un nouveau grroupe qui explore.

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